[comptoir 410] Re: [comptoir 409] Re: [comptoir 407] Re: Fillion et Jefsey se font-ils avoir ?
Patrick Yeu
pyeu at the-incubator.com
Mon Sep 14 20:14:25 CEST 2009
Bonjour Jean-Michel,
Merci pour ce retour.
Le 14 sept. 2009 à 17:08, jean-michel bernier de portzamparc a écrit :
> Tu poses là LA véritable question de la confusion du siècle
Je ne pense pas qu'il y ait confusion. En fait, il y a deux positions
différentes. Je crois que nous sommes parvenus à un niveau de
déploiement des technologies telle que le débat ne peut plus porter
sur la différence entre ces points de vue mais sur leur reconnaissance
— défaire les confusions non dans l'opposition, mais bien dans
l'acceptation (ce qui ne veut pas dire que nous soyons d'accord) — et
la nécessité de les dépasser pour aller de l'avant (ce qui va dans le
sens des questions soulevées par Marie-France).
Notre position vise à structurer, à ordonner; l'autre à occuper le
terrain. La première est politique, culturelle, humaniste ; l'autre
essentiellement industrielle, financière et commerciale. La première
pose les problèmes et se soucie d'avenir; la seconde se préoccupe de
l'immédiat et de trouver les moyens d'agir avec profits, ici et
maintenant, demain étant un autre jour.
Ces points de vue sont condamnés à s'opposer, les solutions
recherchées ne correspondant pas aux mêmes problématiques, ni même à
des finalités identiques quad bien même, en final, les résultats se
rejoindront. Pour faire court, les uns cherchent à élaborer des normes
respectueuses de la diversité pour l'avenir; les autres, une fois
encore, des standards industriels devant permettre d'optimiser les
retours sur investissements nécessaires pour faire avancer la
technique aujourd'hui.
Comme Marie-France le remarquait, compte-tenu du niveau de déploiement
de l'Internet atteint aujourd'hui, il est temps de penser à sortir de
cette opposition fratricide qui ne nous est pas favorable. Avant
d'être Américains, Français, Egyptiens, Allemands, Chinois, Africains,
nous sommes tous des hommes et des femmes embarqués dans la même
barque. Pour cela, je crois qu'il faut profiter du déploiement des
technologies pour favoriser leur appropriation, à leur façon, par le
plus grand nombre de façon à faire émerger l'explicitation des
besoins. Encore faut-il parvenir à que cette appropriation se fasse
sur la base de l'usage pour chacun et non de l'exploitation de chacun
par les "acteurs" industriels et financiers... Le jeu à somme nul est
devenu un luxe de plus en plus exhorbitant comme le montre le prix
croissant des crises.
C'est dire que le fondement de l'action à mener est essentiellement
pédagogique. Sa vocation ? Permettre à chacun d'avoir les rêves des
moyens dont chacun de nous dispose aujourd'hui et plus encore demain.
Par déformation professionnelle, c'est mon domaine d'activité de
prédilection. Cela n'exclut pas, bien au contraire, les combats menés
aux niveaux des instances. En fait, les deux démarches sont
complémentaires. Si on veut réussir au plan institutionnel, il faut
parvenir à imposer son point de vue sur le terrain et donc parvenir à
se donner les moyens, en particulier, en termes d'expérience et
financiers, de le faire.
Je comprends donc bien l'esprit de vos démarches même si je n'en
saisis pas, le plus souvent, les termes particuliers.
> N'est-ce pas un peu ce que nous tentons ? Je suis un utilisateur
> français. J'ai envoyé hier un mail à Vint Cerf qui peut bloquer sa
> technologie jusqu'à ce qu'elle supporte mon droit de l'homme à ne
> pas être discriminé sur ma langue.
>
> Pourquoi ? Parce qu'en français l'anglais "State" se traduit par
> "Etat", et l'anglais "status" par "état" et qu'il ne supporte
> qu'"etat" et que j'ai autant le droit que les anglophones à ne pas
> confondre ces deux concepts lorsque j'utilise le réseau de notre
> espace numérique commun. Parce que, aussi, j'ai documenté une
> solution pertinente même si politiquement il ne la souhaite pas trop.
Je comprends bien leur nécessité — au passage, je crois qu'il s'agit
moins d'une question de droit en soi qu'une fois encore, de point de
vue culturel et, en final, il est vrai de rapports de force
difficilement supportables —, mais j'en vois aussi les limites
aujourd'hui à l'heure même où l'Internet s'installe partout dans le
monde. Chacun, Chinois en premier, va trouver et mettre en œuvre ses
solutions préservant au mieux ses positions et les possibilités de la
technique. Reste à préserver donc l'universalité de l'outil et pour
cela admettre la diversité des situations, mais là, j'entre, au plan
technique, au moins, dans votre domaine et touche à la limite même de
mes compétences. Préservons les différences et apprenons à les mettre
en valeur !
Bien à toi,
Patrick Yeu
More information about the comptoir
mailing list