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Patrick Yeu pyeu at the-incubator.com
Tue Sep 15 09:30:25 CEST 2009


Le 15 sept. 2009 à 01:35, jefsey a écrit :

> At 17:08 14/09/2009, jean-michel bernier de portzamparc wrote:
>> La confusion avec confusion globalisation/globalization du concept  
>> de globalité :
>>
>> - américain : "global = tout" et donc on  
>> "internationalise" (exporte) le standard américain pour une norme  
>> d'achat mondiale sous le nom d"'International Standard" (ISO)  
>> écrite en anglais.
>>
>> - français/anglais : "global = ensemble des parties du tout" la  
>> norme mondiale est donc la moyenne de l'observation commentée par  
>> chacun de la manière dont chacun procède, sous le nom de "Norme  
>> ISO" écrite en français.
>>
>> Poincaré disait, c'est un problème de grammaire. La description est  
>> à l'indicatif. Pas à l'impératif. Mais le commerce américain est un  
>> impératif. C'est leur "internationalization" contre laquelle nous  
>> résistons pour IDNA et dont parle Marie-France.
>
> Jean-Michel,
>
> comme tu peux le voir dans le pontifiant que t'a répondu John  
> Klensin, le problème est que même pour lui il est difficile de  
> comprendre l'Allemand Martin Dürst lorsqu'il s'agit des hauts de  
> casse en allemand. Il s'embarque dans la normalisation du russe par  
> les machines à écrire. Primauté à la simplification de l'étranger  
> (ici Américain), primauté à la simplification technologique (ou peut- 
> être bolchévique), sur l'homme qui doit s'adapter. Message clair :  
> me préoccuper du français n'est pas ma tasse de thé, le français n'a  
> qu'à s'adapter à ce qui _me_ parait simple. Et pourtant John est de  
> très loin le plus ouvert de tous.
>
> AMHA tu vas l'énerver en lui disant qu'il suffit de corriger deux  
> mots dans toute leur documentation pour tout résoudre, de lui faire  
> comprendre que l'on y mettra le temps qu'il faudra :-) et que de  
> toutes les façons on s'en moque car tous les Européens liront ses  
> specs sans ces deux mots. D'un autre côté s'il ne se fâche pas, tout  
> cela sera dans les archives et, couplé à tout l'effort qu'_il_ a  
> fait pour nous accomoder sur le mapping, c'est presque dans la  
> poche. Tu lui dois une bière !!!
>
> Pour répondre à Patrick. Il faut aussi songer que les "techniciens"  
> employés par des industriels (comme Vint, et les représentants de  
> Microsoft et Oracle) [ou tentant d'être indépendants (John est un  
> consultant, Martin est universitaire)] sont des braves gens comme  
> nous, qui font beaucoup de choses, et qui tentent de ne pas se  
> tromper. Même s'ils sont de très grosses têtes, ils ne savent pas  
> tout, se raccrochent à leur culture qui n'est pas très loin mais pas  
> toujours la notre, et parfois ... se coincent sur un sujet. John qui  
> est l'auteur principal d'IDNA nous a juré qu'il était impossible de  
> supporter les majuscules françaises. Je le ménageais un peu, et ne  
> voilà-t-il pas que Jean-Michel lui montre que c'est hyper simple et  
> résolu si on le lit sans ses lunettes.
>
> jfc
>
Jean-François,

Si j'insiste tant sur la nécessité de lancer des projets locaux, c'est  
justement pour prendre en compte qu'il n'est pas possible pour  
Américain d'être Français et pour personne d'être universel dès lors  
que l'on est confronté non plus à l'idée mais aux réalités qu'elle  
produit. Ainsi je ne suis pas certain que le Français "ne soit pas la  
tasse de thé" de John Klensin (que je ne connais ni d'Eve, ni d'Adam).  
Ce dont je suis certain, c'est qu'il n'est pas Français et que sa  
compétence naturelle trouve là sa limite. Comme pour nous, le fait que  
nous soyons essentiellement Français.

Le message qui en ressort clairement pour moi, c'est que  
l'internationalisation des techniques et de leurs applications, dès  
que l'on veut prendre en compte les contenus, amène tout le monde à  
son niveau d'incompétence (Principe de Peter).

C'est la raison pour laquelle, je préconise (par ailleurs) de revenir  
aux fondamentaux de la théorie mathématique de la communication où  
l'on se préoccupe exclusivement du signal et non du sens ce qui évite  
tous les conflits d'intérêt de nature culturelle, c'est-à-dire  
touchant à la compréhension des choses et des intentions liée à la  
diversité irréductible des contextes, c'est-à-dire, des façons de  
vivre. Ce qui, donc, en plus, ne laisse plus aucune place aux conflits  
d'ego. Tout comme l'économie est la science des intérêts passionnés  
(allusion au livre de Bruno Latour et de Vincent Antonin Lépinay (La  
Découverte, 2008)), la technique, comme on peut le constater, est le  
champs de toutes les passions... Et c'est parfait dès lors que l'on en  
prend conscience ;o). C'est dire qu'aujourd'hui, on a de plus en plus  
souvent tort de vouloir avoir raison. L'important est de permettre de  
faire et pour cela de "forger" au maximum puisque ce n'est qu'en  
forgeant que, dans les conditions actuelles, l'on deviendra forgeron...

Au plan psychologique, l'approche de Jean-Michel, parce que marquée  
par un autre point de vue, suffit à poser en d'autres termes l'énoncé  
du problème, tel que John Klensin se l'est posé. C'est cela qui  
provoque le "décadrage" nécessaire pour trouver la solution. Un  
classique des techniques de créativité qui souligne toute l'importance  
et la richesse potentielle de la diversité culturelle...

Enfin, concernant les "techniciens", je me garde bien de les juger en  
personne. Ce qui me pose beaucoup plus question, c'est le cadre dans  
lequel ils travaillent de plus en plus. A l'heure où on compte 23  
suicides à France Télécom, il est important de regarder et d'écouter  
l'intervention que Vincent de Gaulejac a faite à une rencontre-débat  
organisé par Autrement à propos de son livre : "La société malade de  
la gestion" (http://tinyurl.com/owelh3) 1. Pour comprendre comment la  
pression du retour sur investissement tue le sens du travail ; 2.  
Comment elle biaise la raison et les visions à moyen-long terme. Les  
dérives que nous connaissons, les crises ne sont pas simplement  
culturelles. Elle affecte les savoirs à commencer par l'économique ce  
qui, à son tour et en conséquence, affecte l'économie même des  
activités humaines, c'est-à-dire, leur sens. Les décisions des êtres  
humains sont le produit de ce qu'ils sont, des situations et de leur  
contexte... Je suis intimement persuadé que chacun fait ce qu'il peut  
avec les moyens dont il dispose tout comme que je suis persuadé aussi  
que l'on peut faire mieux... Cela n'enlève rien au fait que cela créer  
des problèmes insupportables parce que totalement absurdes.

Plus ça va et plus je suis persuadé qu'il faut se libérer de la  
culture narcissique (voir Christopher Lasch, "La culture du  
narcissisme." dont le sous-titre vaut son pesant d'or "La vie  
américaine à un âge de déclin des espérances" qui date de 1979 et qui  
a été publié en anglais en 1991, 3 ans avant la mort de l'auteur. On  
trouve donc sa traduction française d'une part aux éditions Climats  
(2000) et, d'autre part, chez Flammarion dans la collection Champs  
(2006).

En ce sens, tu as raison, il faut songer en termes de potentiel des  
gens et, surtout, prendre en compte ce qui pousse chacun à la faute. A  
commencer par la tyrannie du retour sur investissement qui enlève à  
chacun et à tous la ressource essentielle pour mener à bien ce qu'il  
entreprend, à savoir le temps de faire, justement, les choses bien.

Bien amicalement à toi,

Patrick
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