[comptoir 407] Re: Fillion et Jefsey se font-ils avoir ?
Patrick Yeu
pyeu at the-incubator.com
Mon Sep 14 13:11:29 CEST 2009
Le 14 sept. 2009 à 01:20, Marie-France Berny a écrit :
> C'est pour cela que je veux bien que Fillon tombe un peu dans le
> piège de Google, et que Jefsey soit cette fois un peu dépassé. N'est
> il pas temps pour nous de nous poser des questions au sujet de ce
> que voulons numériquement devenir ou pas, et ce que nous devons
> faire ou pas pour cela.
Oui au premier terme de la proposition. Il est plus que temps de se
poser la question de savoir ce que nous voulons numériquement devenir
ou pas.
Quant au deuxième terme de la proposition, cela revient, pour
paraphraser JFK, à se demander non pas ce que l'Internet peut faire
pour nous, mais ce que nous, nous pouvons, devons, faire de l'Internet.
Qu'on ne s'y trompe, si on n'y est parvenu jusqu'ici, c'est qu'il
s'agit, en fait, d'une invitation à un véritable voyage initiatique
puisqu'il va s'agir de "carder le chaos en monde" (Tarde, 1902)
puisque le social est devant nous, qu'il est à construire et donc,
qu'il n'est pas derrière nous, bouleversant nos manières de penser.
Ainsi, cela pose la question de savoir si la norme peut être fixée a
priori ? Sa logique n'entre-t-elle pas en conflit avec celle de la
pensée industrielle qui a besoin de standards pour investir dans une
offre ne correspondant à aucune demande sociale existante ? Dans cette
situation par nature conflictuelle, voire paradoxale, l'universel peut-
il être encore le fruit de la pensée et d'un savoir institutionnalisé
quand temps et espace sont virtualisés ? En un mot, l'universel peut-
il encore se décréter ? Pire encore, peut-il toujours servir à
prédire ? N'est-il pas plutôt défini, aujourd'hui, par les expériences
particulières qui en sont devenues le moyen de l'exprimer ? De la
diversité ? Mais quelle diversité ? Celle créée de toute pièce par
l'industrie ou celle, sociale, née des pratiques, de l'apprentissage
et de l'appropriation par chacun des techniques ? (En toute logique,
cet article du NYT montre les limites politiques et sociales de la
démarche industrielle et commerciale : http://www.nytimes.com/2009/09/13/weekinreview/13giridharadas.html
)
C'est dire que si on veut se battre avec les Américains (et pas contre
ce qui serait absurde), il va falloir parvenir à fixer les règles
tactiques et stratégiques nécessaires propres à rendre incontournable
la prise en compte de l'intérêt de la diversité. Il va s'agir moins de
vouloir créer et imposer de l'ordre en soi que d'élaborer les
conditions les façons de mobiliser les moyens de promouvoir les
initiatives individuelles et collectives locales devant permettre la
mise en oeuvre d'actions capables de "carder le chaos en monde" et
plus seulement en un monde qui ne laisserait pas de place à l'individu
sinon comme contribuable.
Parlons-en... Effectivement, cela devient urgent.
Bien cordialement,
Patrick Yeu
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