20150730 - La lecture, l'écriture et la linguapoïèse

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Je vous rebats les oreilles avec la société anthropobotique que nous formons désormais, et de temps en temps avec mon appel à l'Intersem, c'est-à-dire un metahyper.net sémiotique au-dessus du Catenet (la concaténation de l'ensemble des composants digitaux partagés à travers le monde que peut utiliser votre VGN [Virtual Glocal Network]).


Ce temps est révolu.

Pour une raison simple : la singularité techno/logique, c'est-à-dire le point de « non-retour » vers une société qui ne serait pas anthropobotique et vers une communication qui ne serait pas intelligemment facilitée, est derrière nous.
Nous avons maintenant à nous acclimater à notre nouvelle "techture" (nature technifiée) et à aller de l’avant. L’on peut être nostalgique "du temps des équipages et des lampes à huile", mais cela n’aidera pas beaucoup notre adaptation au temps présent et à l’harmonisation écologique "du bit à l’étoile" que nous devons mener.
Ce qui a changé est assez simple à comprendre : là où nous utilisions des mots, des idées et nos cerveaux, nous utilisons en plus des bots, des mèmes et nos cobotiques :
  • Nous en avons déjà bien identifié l’aspect structurel sous le nom d’informatique ubiquitaire, (pervasive computing).
  • Nous avons à en codifier l’aspect opérationnel qui étend notre sémiotique de l’utilisation de signes passifs à une utilisation de signes que nous avons rendus actifs.


Nous avons à trouver un nouvel équilibre entre les mots des hommes et les bots de nos machines.
  • Notre dialectique langagière home-homme devient quadrilectique entre (homme+machine)-(homme+machine)
  • en raison de l’adage central de notre temps (« le réseau des réseaux ») il devient polylectiquement ouvert
  • et n’obéit plus seulement à la raison logique au tiers que l’on ne peut plus exclure,
  • mais au brouhaha agorique de la foule aux tiers non exclus et à l’émergence de ses réflexions, ou aux manipulations et/ou aux contraintes d’une "pensée commune".


Le temps de la datamasse

La cognition des cérébriques naturelles et artificielles reposent sur la mémorisation.
Notre mémoire naturelle est optimisée, semble-t-il par intellition séquentielle (nous nous souvenons d’enchaînement et nous nous remémorons ce qui en fait sens). Déjà 3G (le "grand geek grec", Aristote) notait que la personne la plus intelligente n’était celle qui se souvenait le plus, mais qui se remémorait le mieux. C’est
  • la force de notre autopoïèse (Varela : savoir + autopoïèse = vie)
  • et la puissance de notre sociopoïèse que de partager nos cognitions et nos capacités intellectuelles (brainware).
Nous avons donné à la mémoire de nos machines la praxis (pratique)d'avaler/restituer/travailler des données munies de métadonnées circonstancielles non corrélées. Ceci nous place devant quelque chose de fondamentalement nouveau : la datamasse pour notre esprit.
  • Je ne sais pas ce que je sais,
  • et ce qui va me déterminer n’est plus tant ce que je veux,
  • mais ce qui y est caché traité par l’algorithme d’un bot.
C'est ce qu’Antoinnette Rouvroy combat sous le nom de gouvernementalité algorithmique : une mécanopoïèse de la datamasse.
Ceci déséquilibre nos auto/sociopoïèses, nous ne connaissons plus la réalité par sa phénoménologie (les informations qu’elle nous donne : données) mais par le leurre d’une virtualité mécanopoïèsée par des publicistes, des politiques, des ennemis. Ce sont les politiquement, techniquement, médiatiquement, etc. doxiquement "corrects".


Ce n'est pas la linguapoïèse annoncée

La crainte était que la linguapoïèse que nous implémenterions grâce à la facilitation cobotique" installée) ne sature notre écriture et notre lecture, en s'affirmant comme le moyen d’un nouveau langage et la source d'informations dominées par une seule langue.
Ce n'est pas le cas : nos filtres culturels et sociétaux semblent résister et ne pas être saturés, même si c’est parfois difficile face à une standardisation défavorable dont peu mesurent l’impact (appelée "globalization" : tout est transmis à travers l'anglais).
Par contre, le résultat de cette facilitation par les machines est
  • notre désintérêt cérébral : pourquoi continuer à nous fatiguer pour tout décider.
  • Nous ne sommes ni empêchés de savoir ni de raisonner : nous décidons de moins savoir et raisonner. C'est trop fatiguant, trop sociétalement "controversant".
  • je suggère qu'une des grandes raisons en est que l’affichage de l’écrit devant être cobotiquement enrichi (site personnel) est trop complexe ou trop simplifié et encadré (réseaux sociaux).
Le "post-humain" courant n'est pas l'"humain-augmenté" que l'on nous le prédisait. C'est un "humain-décontré". C'est à dire qui réduit ses prétentions intellectuelles, son secret privé et son autonomie pour ne pas être contré par le « communément correct ». Dans ce contexte, les facteurs factieux deviennent la culture, le libre-arbitre et le non-anglais.


Reprenons à la singularité précédente

Voyons. Vous savez que j'analyse la singularité précédente (en équivalence à la nôtre) comme celle de la « SPA & all», la société Socrate, Platon, Aristote, etc. La singularité du syllogisme : la naissance de l'autogénération de l'information.
« Le syllogisme est un discours dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d'autre que ces données en découle nécessairement par le seul fait de ces données » Tropiques, Premières Analytiques.
  • Socrate était opposé à la nouvelle technologie de l'information et de la communication de l'époque : l'écriture par rapport à la mémoire. Il l'accusait de figer la pensée.
  • Platon a compris que ce n'était pas la pensée, mais les idées qui étaient « figées » par l’écrit.
  • Aristote, a raisonné qu'une fois écrites ces idées vivaient leur vie et s'étendaient par le syllogisme.
Première phase le nombre 
En -30.000 il semble que l’on commence à s’approprier le nombre par des encoches de décompte. Nous engageons la monolectique du tiers associé : une vache = une encoche.
Seconde phase et singularité logique 
la dialectique du tiers exclu nous fait vivre 2500 ans, sur la base de l’insécabilité physique de Démocrite et de l’idée de Platon.
Troisième phase et singularité techno/logique 
la polylectique du tiers non exclu étend la logique linéaire vers le réseau, devenu globalement local
  • Pouzin « le réseau des réseaux »,
  • Cerf « est local ce qui appartient au réseau considéré »).
La société humaine change son système de décision par défaut :
  • de la décision "oui/non" du vote démocratique du peuple soutenu par le débat pour ou contre,
  • à l’émergence agorique de la décision holocratique de la multitude, portée par la confrontation dynamique des "mèmes" (que l'on appelle "slogans" pour la circonstance) assistée par ordinateurs en réseau ou ubiquistes.
La nouvelle technologie de l'information et de la communication étend notre écriture par la maîtrise parallèle de la techne et du réseau :
  • notre énonciation utilise des bots pour rendre actifs
  • les signes et les mots qui vont activer notre cérébrique naturelle.


Comparons

Il semble que nous suivons une démarche parallèle à celle de la SPA à 25 siècles de distance.
  • Les rétrogrades disent : lecture et écriture sont les deux mamelles de l'oralité, de la scripturalité et de l'intellectualité qui supportent la continuité du discours et de ses idées.
  • Les antérogrades voient que nous utilisons une numérisation digitale de ce discours dans lequel nous mêlons des idées (prédicatives), avec des mèmes dans un contexte maillé (réseau), temporel (asynchronicité) et discret (datagrammes), tel que le numérique envoyé (data) n’est pas le numérique reçu (capta) et pas le numérique utilisé (tracta).
Ainsi, dans ce texte j'ai fait un lien sur une page de Wikipédia : rien à voir avec un dictionnaire terminologique :
  • je ne sais pas ce que pourra dire cette page (ce bot) au moment où vous la consulterez.
  • je ne sais pas comment elle vous apparaîtra selon votre outil hardware/software/meshware de lecture, ce qui réclame une orthotypographie nouvelle si je veux que la présentation du texte soit aussi claire à tous.


Que se passe-t-il ?

Sans aller bien loin dans la complexité de la réflexion.
Je viens d’introduire le concept de "relationnel" (meshware) dans un contexte de simple orthotypographie. C’est la base de la controverse que j’ai eue avec Vint Cerf au sujet des noms de domaine linguistiques :
  • il utilisait le caractère « tatweel » pour montrer que l’orthotypographie était une gêne sémiotique aux ingénieurs du réseau,
  • et moi les majuscules françaises pour montrer qu’elles étaient nécessaires à la sémantique de ses utilisateurs.
La réponse linguistique a prévalu plus rapidement grâce au Président de « .ir » sur Tatweel, plus simple à traiter. La conséquence a été la RFC 5895 qui modifie totalement l’architectonique de l’Internet (qui est une concaténation globale de bout en bout de réseaux locaux), pour y intégrer la relation frange à frange (hors réseau, documenté dans la RFC 1958 pour ce qui n'est pas le bout en bout) entre ses utilisateurs.
Ceci établit que, pour l'architecture Internet, la diversité linguistique est traitée par subsidiarité au niveau des utilisateurs et non du réseau. Pour cela nous avons identifié :
  • Qu’au-dessus du syllogisme logique du protocole basé sur le tiers exclu (si on entre une donnée à un bout elle va être présente à l’autre bout quoiqu’il arrive)
  • Une intellition agorique allait faire émerger, par l'intermédiation polylectique de divers bots tiers, une présentation digitalement, numériquement et scripturalement différente de celle remise et comprise par le DNS du réseau (en ASCII), qui serait acceptée et traitée par l’utilisateur ou ses applications (en écriture arabe par exemple).


Multimecalinguapoïèse

Dans la réalité technopoïétique c'est à la capacité de transformation du possible technique en utilisaztion effective par l'itération réflexion/expérimentation qui caractérise la démarche de la communauté XLIBRE nous voyons que ce qui est en face de nous est une "nouvelle version" du langage humain, étendu par les capacités, mais aussi limité par les contraintes cobotiques.
Tout d'abord, il apparait trivial à partir de l'expérience de la "globalization" que de concevoir une approche multilingue au moins expérimentée et étendue à partir d'ISO 10646 (en particulier en terme de discernabilité des confusables). Par exemple un projet comme UNISIGN.
Ensuite, il apparait que ce multilinguisme sera limité par la diversité des formulations conceptuelles et culturelles intercompréhensibles de prime abord et de la pragmatique des contextes linguistiques. Nous aurons donc à nous limiter au départ à une standardisation simple, compatible avec les acquis en matière de registres de métadonnées. Ceci sera probablement engagé à partir du concept de polynyme (synonyme multilinguistique strict) et de projets comme Polynymia
L'on voit donc que c'est une extension profonde, un passage à l'échelle de la capacité énonciative de création, d'évocation, de signification du langage humain.


ALFA

Le problème qui est ainsi soulevé a été engagé avec la « globalization » portée par le Consortium UNICODE qui assure le contrôle de la norme ISO 10646 et du CLDR. Il a ainsi été approché au niveau typographique, puis par les fichiers « locale ».
  • Il est nécessaire à l’intercompréhension sémiotique (des signes, sons, gestes et protocoles) d’aller plus loin.
  • Il est aussi nécessaire à l’intercompréhension sémantique (ce que chacun dit et comprend de ce qui est dit) d’aller beaucoup plus loin.
Il nous faut que les bots traitant ces deux niveaux d’intercompréhension disposent des protocoles relationnels et le système d’architectonies (compréhension à partir des fondements) référentielles qu’ils vont utiliser. Le problème est bien entendu immense : le web sémantique n'en est qu'une première approche.
L’outil expérimental qu'INTLNET souhaite aider à émerger est ALFA (Architectonie Libre/Free Architectonie) comme une ontologie intermèmique multilingue et dialogique (au sens d’Edgar Morin).
"Si je veux convoyer à autrui ce que j'ai vraiment dans la tête, nous allons attendre de notre cobotique mutuelle qu’elle déconstruise ce que dit l’un à partir de son référentiel personnel et reconstruise selon le référentiel de l’autre."