20190913 - fait GAF' à la rentrée des séniors actifs

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Chers amis,

Pontifiant de rentrée du comptoir :

1. Je vous copie ci-après un article bien fait des Echos sur la bataille des GAFEtats
2. je vous fais en préalable un compte-rendu du changement sociotechnologique en cours qui nous tend les bras, notamment après le CR de Louise Verlet au Numérev le 21 juin 2019



Préalable

Il convient de le comprendre en tant qu'utilisateurs informés/intelligents/Internationaux (IUsers). Louis Pouzin, en 1978 pour le catenet, et moi en 1986 pour l', avons été architecturalement bloqués par nos gouvernements. La raison en a été bien montrée par Olivier Auber : nous allions trop loin et trop vite pour l"Etat-réseau" en devenir. Ils en étaient à la télématique Nora/Minc pour Louis et à l'Internet Unix/TCP/IP pour moi.

Trente ans plus tard, sous Hillary, le State Department a compris que l'internet était simplement une télématique avec un superminitel et un superkiosque, où les GAFA jouaient les GAFEtats. Hillary a engagé sa multimatique perso (avec son serveur mail dans son garage) et lancé la transition du NTIA et la fin du status-quo technologique protecteur des situations acquises au détriment du peuple et de l'Etat maintenant tout deux "en réseau". Acquise le 1.10.2016 avec comme stratégie la "permissionless innovation" dans le cadre du paradigme de normalisation nouvelle basée sur la concurrence des agoras (ils disent "marchés de ces "communautés globales" qui sont des "bienfaits pour l'humanité").

les trends en cours

Quatre choses se passent qui sont corollaires :

  • les propositions technologiques vers la multimatique s'essaient : IAB, PouzinSociety avec RINA assez clairement documenté par l'ETSI, GNUnet pour le Libre rejoignent mon approche citoyenne de l'intersem et du "PLUS" (presentation layer uniform space), montée en puissance du fonctionnel.
  • les "humanités numériques" s'essoufflent ou au contraire sont en train de repartir sur les chapeaux de roues (Numérev Montpellier, Le Deuff Bordeaux, Levy Montréal) après avoir passé le cap de la "transdisciplinarité", c'est-à-dire de pouvoir se parler par ordinateur entre disciplines (merci à Mathias - diktyologie -, Roche - ontologies terminologiques et Verlaet - Numérev dont je reparlerai de la singularité du 21 juin dernier.
  • nous, les gens, sommes arrivés à un niveau que l'on peut qualifier d'"humanumérique", c'est-à-dire que nous vivons au quotidien avec les outils auxquels s'essaient les "Huma Num" pour nous comprendre.
  • le monde et l'Etat - au moment des Plateformes d'Etat d'Henri V(M?)erdier - télématique deviennent une peine nouvelle (cf. rapport du Défenseur des Droits) qui participe au désarroi actuel qu'expriment les Gilets Jaunes.

Nouvelle perspective

Ceci a, pour nous totalement changé la perspective. L'infrastructure du catenet de Louis Pouzin est en place, sous TCP/IP qui marche encore, mais va s'essouffler sous le poids du routage, et dans la fragilité croissante du nommage. C'est le moment pour nous de nous construire notre multimatique nationale (nous avons, départ arrêté de Louis Pouzin en 1972, Tymshare/Engelbart 1962, grosso modo, dix ans d'avance sur la cérébrique populaire américaine). Pour cela il nous faut une nouvelle théorie de l'information et de la communication étendue (NTIX) au réseau et à son contexte complexe de signalisation et d'attaques.

Mais cela ne va pouvoir se faire qu'avec un plan de recherche-action participatif (université, civil, privé) qu'il va falloir réfléchir ensemble. Vous verrez que les Echos expliquent la stratégie de la "revolving door" des GAFA, qui est du pantouflage à haut débit. Ma proposition est celle de faire appel aux "Honoraires", c'est à dire aux séniors en capacité de savoir et de contribuer. J'appelle cela le "çavatage" en honneur du "http://ca-va.club" : capaciter la "communauté globale" (cf. donc le paradigme de normalisation moderne - RFC 6852) des contributeurs seniors qui représente en fait aux alentours de 20% de la population mentalement active et un PNB à mieux comprendre (intellectuel principalement): ce que Vals a appelé la silver-économie. Simplement parce que les "vieux" c'est l'avenir (des jeunes, notamment :-)) :

  • la retraite est un autorevenu citoyen.
  • les décisions sont autonomes.

Mon plan pour cela est en finalisation. A partir de la SASUSE que je crée : SASU Sénior Entreprise. Une expérience sans doute à étudier et à copier, pour que nos recherches citoyennes soient économiquement mieux traitées.

Les Echos : Le plan des Gafa face aux pressions de Washington

Attaqué par 50 procureurs aux Etats-Unis, Google renforce ses équipes à Washington dans l'espoir d'éteindre la fronde antitrust. Comme Amazon, Facebook et Apple, il dépense des millions de dollars en lobbying et n'hésite pas à s'offrir les services... d'anciens hauts fonctionnaires.

Par Nicolas Rauline
Publié à 07h00
Mis à jour à 13h28

Le 22 mai dernier, l'Internet Association organise en toute discrétion, dans un salon de Washington, son sixième gala de charité. La « voix de la nouvelle économie », comme elle se présente, fondée il y a sept ans pour défendre les intérêts des plus grandes entreprises technologiques (Google, Amazon, eBay…), remet à cette occasion ses récompenses annuelles. Le trophée de la liberté sur Internet est remis à… Ivanka Trump. « Ce prix reconnaît les contributions extraordinaires de Mme Trump à la politique publique et à l'économie d'Internet, souligne alors le patron de l'organisation, Michael Beckerman. Nous sommes impatients de travailler avec elle pour atteindre notre objectif commun : augmenter le nombre de formations en informatique et combler les déficits de compétences dans notre économie. »

Le lendemain, c'est le tollé sur les réseaux sociaux. La fille et conseillère du président américain a certes soutenu des programmes de formation et obtenu quelques centaines de millions de dollars pour le ministère de l'Education, afin de développer des filières technologiques. Mais de là à en faire l'égérie des libertés sur Internet…

Ivanka Trump n'est pas la seule à être célébrée ce soir-là. La leader de l'opposition Nancy Pelosi , qui préside la Chambre des représentants, est aussi honorée pour l'ensemble de son oeuvre. Séduire les républicains et l'administration Trump, tout en ménageant les démocrates, qui pourraient revenir au pouvoir l'an prochain, c'est la stratégie adoptée depuis quelques mois par les lobbyistes des Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple). Le tout dans un contexte brûlant : la pression de l'opinion publique et les scandales qui ont émaillé les derniers mois (Cambridge Analytica, etc.) ont fortement terni l'image des géants américains. De nouvelles réglementations les menacent de tous les coins de la planète : une taxe en France et dans plusieurs pays européens pour compenser la faiblesse de leurs contributions fiscales, un projet de loi américain sur les données personnelles et même, chose impensable il y a encore quelques années, des enquêtes pour d'éventuelles pratiques anticoncurrentielles aux Etats-Unis, au niveau fédéral et dans une cinquantaine d'Etats … « Régulez-nous ! »

« C'est le lot de toute industrie qui se structure, défend Jason Oxman, patron de l'Information Technology Industry Council, un groupe représentant 70 des plus grosses entreprises technologiques présentes aux Etats-Unis (Google, Facebook, Amazon, Apple, Microsoft, Qualcomm, HP, Twitter, Samsung…). Nous avons grandi dans un environnement largement dérégulé, qui a favorisé l'innovation. Aujourd'hui, nous sommes plus matures et nous ne pensons pas que la régulation soit forcément une mauvaise chose. Nous disons même : 'Régulez-nous !' Avouez que ce n'est pas courant ! »

Mais le secteur veut avoir son mot à dire. Il s'est organisé, au point de devenir, aujourd'hui, l'un des plus représentés à Washington. Les Google, Amazon et autres Facebook ont levé une véritable armée de lobbyistes pour défendre leurs intérêts. « Je n'ai jamais vu ça, résume Craig Holman, de Public Citizen, une organisation qui surveille les dépenses de lobbying, l'éthique et le financement des campagnes électorales. En quelques années, ils sont passés de rien du tout à l'une des organisations les plus puissantes de Washington. Ils jouent désormais dans la même cour que les industries pharmaceutique et pétrolière. »

K Street, la rue symbole du lobbying dans la capitale, abrite des mutants d'un nouveau genre : des geeks à l'aise dans les relations publiques. « Ce sont plusieurs centaines de personnes qui sont employées directement par ces entreprises, affirme Pawel Popiel, de l'université de Pennsylvanie, qui compare la situation à celle des banques après la crise de 2008. Et il faut ajouter à cela le personnel des organisations professionnelles, comme l'Internet Association ou la Computer & Communications Industry Association, qui travaillent aussi pour elles, ainsi que les cabinets d'avocats. »

Google, Amazon, Facebook et Apple sont prêts à payer des fortunes pour éteindre la fronde antitrust. L'an dernier, ils ont consacré plus de 55 millions de dollars à leurs actions de lobbying, selon les chiffres du Center for Responsive Politics, et même 65 millions avec Microsoft. C'est plus du double de 2016. Moins que l'industrie pharmaceutique, mais plus que les banques, par exemple. Un nouveau record devrait encore être franchi cette année.

Culture du secret

Adeptes de la transparence, les Gafa ont plutôt tendance à entretenir le culte du secret lorsqu'ils sont à Washington. « Ils ne veulent plus que l'on sache où ils sont, ce qu'ils font et qui se trouve dans leurs bureaux. C'est très tendu. C'est une attitude commune chez les grandes entreprises, mais celles de la tech sont particulièrement nerveuses », révélait il y a peu un agent immobilier de Washington au site spécialisé Bisnow .

Ils ne veulent plus que l'on sache où ils sont, ce qu'ils font et qui se trouve dans leurs bureaux.
Un agent immobilier de Washington

Tous ont pourtant ouvert des bureaux flambant neufs. Selon le réseau immobilier JLL, les dix sociétés technologiques présentes dans le Fortune 100 ont doublé leurs surfaces de bureaux à Washington, ces cinq dernières années. L'an dernier, Facebook a ainsi déménagé dans le centre d'affaires de Terrell Place, en plein centre de la capitale, à mi-chemin entre la Maison-Blanche et le Capitole. Au passage, il a triplé sa surface, avec près de 7.000 mètres carrés. Il cherche encore à s'étendre : une soixantaine de postes y sont ouverts, dont une majorité dans le conseil et le juridique, qui s'ajouteront aux quelque 350 salariés que le géant compte déjà dans la capitale.

Les bureaux de Google se trouvent, eux, à quelques rues du Congrès. Quant à Apple, il vient de louer plus de 2.000 mètres carrés sur K Street, à quelques blocs des principaux ministères et juste en face du magasin que la société a ouvert dans la bibliothèque Carnegie, un bâtiment qui date de 1903.

Google, qui a fait l'objet d'une offensive spectaculaire de 50 procureurs américains la semaine dernière, est le plus actif. Attaqué pour des pratiques concurrentielles potentiellement illégales, il a déjà consacré 21,7 millions de dollars à ses actions de lobbying l'an dernier. Amazon n'est plus très loin derrière et rattrape peu à peu son retard. La firme de Jeff Bezos pratique un lobbying un peu différent de celui des autres sociétés tech, plus traditionnel et porté directement sur les affaires, quand les Google, Facebook ou Apple visent avant tout des sujets fiscaux et réglementaires. L'un de ses buts est en effet de convaincre les pouvoirs publics de lui louer des services de stockage de données. Il est notamment candidat au cloud du Pentagone , un contrat de 1 milliard de dollars. « Ce n'est pas un hasard si Amazon a choisi Washington pour implanter son deuxième siège», souligne Craig Holman. A la clef : la création, à terme, de 25.000 emplois .

« Revolving door »

Tous ont adopté une méthode redoutable : le « revolving door » ou « porte tambour ». Il s'agit de s'offrir les services d'anciens hauts fonctionnaires. « C'est le lobbying le plus efficace. Leurs lobbyistes ont le numéro des gens qui comptent, au département de la Justice, à la Maison-Blanche… Et on leur répond », explique Craig Holman.

Amazon a engagé Jay Carney, ancien porte-parole de Barack Obama, pour diriger ses affaires publiques, à un moment où l'entreprise commençait à être attaquée de toutes parts . Facebook a recruté Catlin O'Neill, ex-chef de cabinet de Nancy Pelosi, pour diriger sa politique publique aux Etats-Unis. Quant à Google, son nouvel homme fort est Karan Bhatia. Cet avocat passé par l'administration Bush souhaite coller aux transformations du pays et réorganiser le lobbying de la société pour viser l'ensemble du spectre politique et non plus l'establishment des partis.

Selon un rapport de Public Citizen , 75 % des commissaires ayant travaillé pour le régulateur du commerce américain (FTC) ces vingt dernières années venaient du secteur privé, ou l'ont rejoint après leur mandat. « 60 % présentent des conflits d'intérêts, en raison de leur travail sur le secteur technologique. [...] Ce qui pourrait expliquer la réticence chronique de la FTC à renforcer la protection des consommateurs et les lois antitrust. » Le chef de la division antitrust de la FTC Makan Delrahim a même travaillé, un temps, pour le compte de... Google. Les appels se multiplient pour qu'il se récuse des enquêtes en cours.

Une année charnière

« Il est très difficile de mesurer l'impact de ces transferts, note Pawel Popiel. Peut-être que sans lobbying, les résultats auraient été les mêmes. Mais quand vous passez du public au privé et inversement, vous apportez avec vous un peu de la culture de l'autre camp. » Un cas, toutefois, a été mis sur la place publique. En 2013, la FTC classe sans suite son enquête antitrust sur Google. Deux ans plus tard, le « Wall Street Journal » publie un document préliminaire de la FTC que celle-ci lui a envoyé par erreur. Les notes sont très critiques envers le moteur de recherche. Toutes les fautes de Google y sont recensées. Mais les conclusions de la FTC en seront complètement expurgées. Aussitôt ce document révélé, Johanna Shelton, chargée de la politique publique de Google, envoie un e-mail - qui sera lui aussi publié plus tard - à la FTC, lui demandant de réagir. Urgemment. Deux jours plus tard, c'est chose faite : l'agence affirme que le document n'était que partiel et ne reflétait pas ses positions ! Avant d'entrer chez Google, Johanna Shelton, qui aura obtenu 128 rendez-vous à la Maison-Blanche sous Barack Obama - plus que n'importe quel autre lobbyiste - avait été la conseillère à la commission fédérale des Communications (FCC), puis à la commission de l'Energie et du Commerce de la Chambre des représentants…

Cela ne s'arrête pas là. Ces dernières années, les Gafa ont incité leurs employés à faire des dons lors des campagnes électorales - très largement côté démocrate. Ils financent aussi des travaux de recherche et des think tanks, progressistes ou conservateurs. Au besoin, ils n'hésitent pas à faire appel à leur masse d'utilisateurs pour défendre leurs causes. « C'est une pratique qui s'est étendue aux sociétés plus petites, qui ont des moyens plus limités, note Elizabeth Pollman, professeure de droit à la Loyola Law School de Los Angeles. Uber, par exemple, a appelé ses utilisateurs à protester contre la limitation de ses véhicules à New York. »

Des méthodes défendues par l'industrie, pour qui les accusations relèvent du fantasme. « L'écrasante majorité de notre travail consiste à expliquer comment fonctionne une entreprise tech. Et nous avons les meilleurs experts pour cela », affirme Jason Oxman.

En cette année électorale, les efforts des Gafa devraient redoubler pour sauver leur avenir. En plus de ménager l'administration Trump, il faut choyer les candidats démocrates, favoris des sondages… Le scénario catastrophe serait qu'Elizabeth Warren ou Bernie Sanders soient désignés pour porter les couleurs de la gauche. « Ils demandent un démantèlement de ces entreprises. C'est leur cauchemar ! » confie Craig Holman.

Nicolas Rauline (Envoyé spécial à Washington)