20160429 - La domination numérique

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« Le syllogisme est un discours (logos) dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d'autre que ces données en découle nécessairement par le seul fait de ces données (prémisses) » (Aristote, Topiques, I, 1, 100 a 25 et Premiers Analytiques, I, 1, 24 b 18-20).


Cette découverte, sur laquelle repose la pensée occidentale, procède de la singularité philosophique c’est-à-dire du souci de Thalès et d'Anaximandre, derrière les apparences, des raisons ontologiques (le logos du pourquoi et du comment), et non plus théosophique (mythologie), de la vérité de l’être.

Nous nommerons « syllogie » cette implication et « intellition » son résultat. Lorsque deux prémisses (dialectique) sont considérées, la syllogie est la « raison logique » et l’intellition est la « conclusion ».

La société humaine est aujourd’hui confrontée aux conséquences de la singularité technologique, c’est-à-dire la découverte de la complexité syllogistique de l’univers (Poincaré). La psyche humaine en réclame, pour son logos, la facilitation par la techne cérébrique.

  • Lorsqu’une seule prémisse est considérée, elle est nommée action, la syllogie est l’énaction et la réaction cybernétique en est l’intellition. Ceci sera noté « 1-p » : monolectique.
  • Lorsque deux prémisses (« 2-p ») sont considérées, c’est raison logique et conclusion dialectique.
  • Lorsqu’une « agora » de trois prémisses ou plus (« n-p ») est considérée, l’intellition consistera en l’émergence d’un attracteur résoluble par la méthode des « n-corps » : polylectique.


Ceci remonte au 21 janvier 1889, pour le prix mathématique de l’anniversaire du roi de Norvège, a été reconnue la réponse d’Henri Poincaré qu’il n’y a pas de solution analytique au problème des « n-corps » : c’est le premier « Oskar » de l’histoire. La conséquence naturelle en est la théorie du chaos.

La solution artificielle est recherchée dans la simulation informatique dont la motivation peut être trouvé le « détail » de Laplace que serait Dieu : il explique tout mais permet de rien prévoir. Depuis toujours, la pythie et le savoir pourquoi et comment n’ont pour quête que le « savoir préalable ».

La techne étant le savoir-faire humain accumulé et appliqué, l’approfondissement architectonique actuel entraîne une adaptation sociétale plus-humaniste majeure. En référence à la métaphore philosophique, l’homme sort de la caverne de Platon.


Cette adaptation est perturbée par une méprise quant à la nature de la pensée humaine : la réflexion intellectuelle est réentrante. Par définition l’intellition, doit non seulement être nouvelle par rapport aux prémisses, mais aussi découler de toutes (ce qui en assure la rigueur) et donc aussi des prémisses intermédiaires : c’est la cinématique réentrante de l’émergence que nous généraliserons sous le nom de « conflexion ». Comme tout processus réentrant, elle est sujette à auto-organisation critique (big-bang, tremblement de terre, explosion nucléaire, guerre, scène de ménage) et aux actes de falsification.

L’on nomme cyberespace la perspective du cosmos réduit à son plus petit insécable en conflexion : l’atome de Démocrite, c’est-à-dire « vrai/faux » en termes de vérité, « oui/non » en termes d’être, « 0/1 » en termes de calcul, en réponse à une infinité de questions orientées, le « qbit » de la pensée quantique. Le cyberespace est la discontinuité digitale des réponses à la continuité numérique des questions « n-p ». Sa maîtrise est celle de ses auto-organisations critiques et donc de ses réentrances.


La domination numérique consiste à faire accroire en un écosystème digital incapable de réentrance : dont le catenet est sans couche OSI six présentation : ce à quoi l’internet est contraint depuis 1986.